"En 1969 on a interdit la langue des signes: il a fallu oraliser.
On ne pouvait pas intégrer le travail, on ne pouvait pas se marier.
C'était toujours interdit, interdit. Mes parents étaient sourds.
Mes deux frères, sourds. Toute ma famille.
On a grandit avec la langue des signes. C'était interdit,
Mais la nuit, le soir, on se cachait et on signait. [...]
Un jour je me suis dis que j'allais avoir un projet.
Je voulais jouer dans un film, on m'a répondu que j'étais sourd
et que c'était impossible : dans les films il faut parler,
il faut entendre. Alors j'ai effacé mon rêve. [...]
Dans la vie de tous les jours : c'est pareil. Les portes sont fermées.
Je me souviens avoir changé à l'âge de vingt ans.
Ma place était très claire : moi sourd, ma culture, ma langue,
mon histoire de sourd. Mais c'est fatiguant, parce-que
l'on ne m'écoute pas. [...] J'ai plein d'énergie, je me bats tous les jours,
mais parfois, selon les situations, je laisse les personnes... jouer.
Je trouve mon énergie dans les associations de sourds,
dans la famille, dans les amis, dans les discussions
qui me donnent de l'énergie et je recommence tous les jours
pour me battre, pour résister. [...]
Et dans ma tête, j'ai toujours une image que je garde dans mon coeur,
c'est le respect des sourds, de laisser faire les sourds,
de ne pas remplacer les entendants par les sourds,
les sourds par les entendants, de garder ça dans mon coeur."
Anthony >> à la maison, à Lyon >> Mars 2009
MEMENTO


Octobre 2011
"Le spectacle déambulatoire Mémento est une prise de parole dans la ville. Cette parole emprunte aux minorités leur langage, leur pratique de la clandestinité, et s’inscrit sur les murs de la cité, dans le droit fil de la peinture muraliste. A partir d’un travail documentaire réalisé en amont, Mémento interroge les résistances d’hier et d’aujourd’hui. Un spectacle de rue avec sons, vidéos, collages et bricolages à découvrir en plein cœur de Meylan deux soirs de suite pour deux facettes différentes !"

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